19.5.12

LOSE IT

C'est fou ce que les gens peuvent s'aimer en cachette, dans un coin de leur tête.
Cacher, détourner, des paroles trop lourdes, des paroles immenses.

Des phrases qui s'écrasent au sol, trop ventrues, trop grasses de sous-entendus, trop obèses de non-dits.
Elles explosent en vol, se craquent, déversent leur contenu, qui dégouline, auréole le sol.

Mais l'autre en face n'a rien vu. L'auréole, il marche dessus. L'auréole, il l'écrase.

Mais l'autre en face n'a rien entendu. Il le regarde de son regard trop vide.
Tellement, que ce regard s'envole dans l'air ambiant, et se perd quelque part entre le plafond et les craquelures.

Alors ces sentiments restent dans un coin de la tête, quelque part entre un souvenir de l'été 78 et un premier job en 83.
Jamais abouti, peut-on lire dessus.

C'est fou ce que les gens peuvent s'aimer en cachette, dans un coin de leur tête.




C'est fou ce que les gens sont tristes en fait. La tête pleine de choses jamais vécues.
C'est triste ce que les gens ont peur de leurs sentiments.